“J’ai vécu les plus grands moments de ma vie d’homme
durant lesquels j’ai tout donné mais il reste beaucoup à faire.” Cela, c’est
sur le plan personnel, comme il dit. “La réforme a été une véritable
révolution ces dernières années.” Là, Steven Obeegadoo parle de celle de
l’éducation.
Il remercie au passage tous ceux qui ont collaboré pour bâtir la réforme de
l’éducation pierre par pierre. “Ce n’est qu’un début mais les bases sont là.”
Cela saute aux yeux que le ministre est fier de son bilan qu’il a,
d’ailleurs, condensé dans un livret qui sera circulé publiquement. C’était
hier lors d’un point de presse à son bureau où il a présenté des chiffres
officiels qui, dit-il, devraient faire taire les plus critiques.
Aussi, le ministre Obeegadoo apprécie En premier lieu, il réplique à ses
“détracteurs” qui avancent que la réforme ne vise que les capitalistes : “Le
bilan est en soi une claque. En 2000, entre Quatre-Bornes et Chemin-Grenier,
il n’y avait qu’un seul collège, celui de Bambous. Aujourd’hui, il y en a six
dont quatre collèges d’Etat.” A ceux qui prétendent que la réforme est
discriminatoire, il répond que les enfants handicapés ont aujourd’hui les
mêmes considérations que les autres tout en ajoutant qu’il y a “encore à
faire”.
“Pas de jugement défavorable”
Sur le plan légal, il explique qu’aucun aspect de la réforme n’a fait l’objet
d’un jugement défavorable. Faisant référence au jugement du Privy Council,
début 2004, décrétant le critère religieux anticonstitutionnel pour
l’admission en Form I, le ministre Obeegadoo précise : “Cela n’a rien à faire
avec nos changements.”
Quant aux différentes actions de protestation de la part d’étudiants
provenant de collèges en construction, il concède qu’il y a eu des problèmes
à ce niveau, qu’il justifie cependant. “Nous avons dû mettre 36 collèges en
chantier en même temps et c’était inévitable d’avoir quelques mouvements d’humeur.”
Pour Steven Obeegadoo, c’était mieux d’admettre des élèves dans un collège en
construction que d’attendre qu’il soit fin prêt. “En cinq ans, nous avons pu
admettre 17 000 enfants de plus grâce aux collèges en voie de finition. Si
nous n’avions pas agi ainsi, où seraient ces élèves ?” Si le ministre est
d’accord avec ceux qui disent qu’une réforme de l’éducation ne concerne pas
que les collèges, il considère que la grande campagne de construction
constituait “la première étape essentielle de la réforme”.
Répondant à certains qui affirment que les Zones d’éducation prioritaires
(ZEP) n’ont été conçues que pour une seule communauté, Steven Obeegadoo
s’emporte : “C’est une insulte à tous les enfants et j’en suis autant blessé
qu’outré. Le rôle premier de tout système éducatif est d’offrir à tout enfant
la possibilité de réaliser son rêve.” Et d’ajouter : “Mo bien promne dan ki
kiltir, relizion ou landrwa kot enn zanfan finn ne !”
En ce qui concerne les Form VI Colleges, le ministre indique que tous les
rapports sur l’éducation faits à Maurice ces dernières années préconisent la
mise en place de tels collèges ou de Middle Schools afin d’abolir le ranking.
“Et nous avons opté pour la première solution.”
Il profite du sujet pour interpeller l’opposition qui se propose de
retransformer les collèges Queen-Elizabeth et Royal en écoles d’élite.
“Qu’ils nous disent clairement comment ils vont faire pour admettre les
élèves en Form I sans réintroduire le rat race.” Pour le ministre Obeegadoo,
le modèle de Form VI Colleges permet, en plus, d’admettre un plus grand
nombre dans les collèges dits d’élite. Les chiffres donnés sont de 120 élèves
en 2000 à 280 en 2005.
En parlant des enseignants, il précise : “Leurs salaires n’ont jamais autant
augmenté durant un seul mandat.” Le pré-primaire a été aligné aux
propositions du Pay Research Bureau tandis que le primaire a bénéficié d’une
augmentation salariale de 45 %. Les enseignants collaborant au National
Literacy & Numeracy Programme reçoivent une allocation de Rs 700 alors
que celle de ceux qui ont accepté d’enseigner dans les ZEP est de Rs 2 000.
STATISTIQUES
Le prix des investissements
■ Dans le secteur éducatif, un total de Rs 25 milliards a été injecté
de 2001 à 2005, soit environ 18 % des dépenses publiques.
Ratio élèves-enseignants passe de 26:1 (2000) à 23:1) en 2005 au primaire et
de 19:1 (2000) à 16:1 en 2005 pour le secondaire.
En cinq ans, l’Etat a recruté 1 242 nouveaux enseignants au primaire et 1 052
au secondaire.
■ Primaire : Projet ZEP: 11 000 enfants concernés.
Langues orientales : 85 795 écoliers suivent les classes.
■ Secondaire : Collèges d’Etat : le nombre est passé de 34 à 70 en cinq
ans. Admission en “Form I” : 20 473 admis en 2005 contre 16 585.
Inscrits au secondaire: 117 263 élèves en 2005 contre 100 143 il y a cinq
ans. Le taux de scolarisation d’enfants de 12 à 15 ans est passé de 80.7 % en
2000 à 90 %
■ Tertiaire : Nombre inscrit au tertiaire: 16 759 (2000-2001) à 26 074
(2004-2005).
■ Enseignants : Pré-primaire: 56 % des enseignants avaient un diplôme
pédagogique en 2000. Aujourd’hui, il sont 99 %.
■ Primaire : 65 % du corps enseignant détient un A level contre 46 % en
2000. Secondaire: 52 % des enseignants avaient un diplôme universitaire il y
a cinq ans. Ils sont 65 % aujourd’hui.
Patrick HILBERT
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