Guerre en Ukraine (direct)Londres va envoyer des chars d’assaut Challenger 2 en Ukraine
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La diplomatie russe a assuré samedi que l’envoi à l’Ukraine de chars lourds britanniques Challengers 2, annoncée par Londres, allait seulement «intensifier» les combats et avait peu chances de renverser la situation sur le front.
«L’envoi de chars ne va en rien accélérer la fin des hostilités militaires, mais va seulement les intensifier, en provoquant de nouvelles victimes», a indiqué l’ambassade de Russie à Londres dans un communiqué, ajoutant qu’il était «peu probable» que ces chars aident l’armée ukrainienne à «renverser la situation sur le champ de bataille».
La petite ville de Soledar, dans l’est de l’Ukraine, au centre d’une bataille acharnée avec les forces russes et dont Moscou revendique la prise, est toujours «sous contrôle» ukrainien, a déclaré samedi le gouverneur de la région de Donetsk, Pavlo Kyrylenko.
«Soledar est sous le contrôle des autorités ukrainiennes, nos forces en ont le contrôle», a-t-il déclaré, en ajoutant que cette localité et la ville proche de Bakhmout étaient les points «les plus chauds» du front.
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a salué samedi la décision britannique de fournir des chars de combat lourds à son pays, affirmant que Londres «envoie le bon signal», alors que Kiev multiplie les demandes en matériel militaire.
«Lors d’une conversation avec le Premier ministre Rishi Sunak, je l’ai remercié pour avoir pris des décisions qui non seulement nous renforcent sur le champ de bataille, mais envoient également le bon signal à nos partenaires», a déclaré Volodymyr Zelensky sur Twitter.
Le Royaume-Uni va fournir à l’Ukraine des chars Challenger 2, devenant le premier pays occidental à envoyer des chars lourds pour aider Kiev face à l’invasion russe, a indiqué samedi Downing Street dans un communiqué.
Lors d’un entretien avec le président ukrainien Volodymyr Zelensky, le Premier ministre britannique Rishi Sunak a souligné «la volonté du Royaume-Uni d’intensifier son soutien à l’Ukraine, notamment en fournissant des chars Challenger 2 et des systèmes d’artillerie supplémentaires», a précisé Downing Street.
Plusieurs explosions ont retenti samedi matin à Kiev, ont constaté des journalistes de l’AFP, des reponsables ukrainiens affirmant que des frappes avaient pris pour cible des infrastuctures clés de la capitale de l’Ukraine.
«Une attaque au missile sur des infrastructures essentielles» est en cours à Kiev, a indiqué un conseiller de la présidence ukrainienne Kyrylo Timochenko sur Telegram tandis que le maire de la ville Vitali Klitschko a rapporté des explosions dans le quartier de Dniprovskiy, appelant les habitants à «rester dans les abris».
Les services administratifs de la capitale ont indiqué qu’une des infrastructures de la ville avait été atteinte.
Des fragments d’un missile sont tombés dans le quartier de Golosiivsky, sans faire de blessé, a encore indiqué Vitali Klitschko.
Depuis le mois d’octobre et une série de revers en Ukraine, Moscou bombarde méthodiquement les infrastructures vitales du pays. Les compagnies d’électricité s’emploient à remettre au plus vite le réseau en état alors que le pays s’enfonce dans l’hiver.
Le Conseil de sécurité de l’ONU s'est réuni une nouvelle fois pour discuter de la situation en Ukraine vendredi, près de onze mois après le début de l'invasion russe.
«L’Ukraine, la Russie, le monde ne peuvent se permettre que cette guerre continue», a souligné la secrétaire générale adjointe de l'ONU pour les affaires politiques, Rosemary DiCarlo. Mais «c'est la logique militaire qui domine, avec très peu d'espace de dialogue pour le moment, si tant est qu'il y en ait le moindre», a-t-elle ajouté, ne voyant «aucun signe d'une fin des combats».
Les autorités russes ont affublé vendredi du statut infamant d’»agent de l'étranger" un acteur populaire, Arthur Smolianinov, qui avait dit être prêt à combattre aux côtés des troupes ukrainiennes contre Moscou.
M. Smolianinov, 39 ans, a quitté la Russie comme des milliers de ses compatriotes après le début de l’offensive russe en Ukraine.
Dans un entretien au journal d’opposition Novaïa Gazeta Europe, publié la semaine dernière, il a déclaré qu’il pouvait envisager de se voir combattre contre les forces russes.
«Si je participais à cette guerre, ce serait du côté de l’Ukraine», a affirmé cet acteur, connu en Russie notamment pour son rôle dans le film «La 9e compagnie» sorti en 2005, qui se déroule au moment de l’invasion de l’Afghanistan par l’URSS.
Il aussi déclaré qu’il ne souciait pas de ce qui arrivera à la Russie à l’avenir, même si le pays était réduit en «cendres radioactives».
Loi stricte
Vendredi, le ministère de la Justice a ajouté le nom de l’acteur à sa liste «d’agents de l’étranger», un qualificatif largement utilisé par les autorités russes pour réprimer les voix critiques.
Cette classification oblige à de pénibles démarches administratives et à s’identifier en tant que tel dans toute publication, y compris sur les réseaux sociaux, sous peine d’amendes.
La loi sur les «agents de l’étranger» a été durcie en juin, ajoutant de nouvelles interdictions.
L’entretien de M. Smolianinov avait provoqué un tollé parmi les partisans du Kremlin. Lundi, le chef du puissant Comité d’enquête, Alexandre Bastrykine, a ordonné l’ouverture de poursuites pénales contre l’acteur.
Plusieurs autres personnalités russes, dont le critique musical Artemi Troïtski, connu pour son hostilité à la politique du Kremlin et exilé lui aussi, ont été classées «agents de l’étranger» vendredi.
L’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), déjà présente dans la centrale nucléaire de Zaporijjia occupée par l’armée russe, va envoyer dans les prochains jours des experts sur les autres sites ukrainiens et tripler à terme leur nombre.
L’instance onusienne «sera bientôt déployée de manière permanente dans l’ensemble des centrales d’Ukraine, y compris à Tchernobyl», selon un communiqué publié vendredi soir. Son directeur général Rafael Grossi se rend sur place la semaine prochaine pour lancer le nouveau dispositif.
Si des missions ponctuelles ont eu lieu depuis le début de la guerre, cette décision «marque une expansion majeure», souligne l’AIEA. Jusqu’à présent, seul le site très sensible de Zaporijjia, proche de la ligne de front et régulièrement cible de bombardements, accueillait du personnel de l’organisation internationale – «jusqu’à quatre» personnes y sont stationnées depuis septembre.
Désormais, «environ 11 à 12 experts seront présents à tout moment» en Ukraine pour «surveiller la situation, examiner l’équipement» ou encore «fournir une aide technique», détaille l’Agence.
Sécuriser les 5 centrales
Le Premier ministre ukrainien, Denys Chmygal, avait annoncé en décembre, après une rencontre avec M. Grossi, de telles missions destinées à «sécuriser» les cinq centrales du pays, mais le calendrier et la taille n’avaient pas été précisés.
Outre Zaporijjia, les inspecteurs vont être déployés à Rivné, Khmelnytskiï, Pivdennooukraïnsk et Tchernobyl, la tristement célèbre centrale où eut lieu en 1986 le plus grave accident nucléaire civil de l’histoire.
Le chef de l’AIEA va également rencontrer à l’occasion de sa visite de hauts responsables ukrainiens, dans le cadre de ses efforts pour mettre en place une «zone de protection» autour de la centrale de Zaporijjia.
Il mène des consultations depuis plusieurs mois avec Kiev et Moscou, sans succès pour l’instant.
L’arrivée prochaine sur le théâtre ukrainien de blindés légers de facture occidentale, voire de chars lourds Leopard 2 allemands, met Kiev au défi de former ses troupes à l’emploi et la maintenance d’une diversité d’équipements pour certains très complexes.
Depuis le début de l’invasion russe, il y a près d’un an, les alliés européens de Kiev ont déjà livré près de 300 chars soviétiques modernisés, mais jamais encore de chars lourds de facture occidentale, malgré les demandes répétées de l’Ukraine.
«Les chars modernes au standard Otan comme les Leopard, les Challenger ou les Abrams ont un système de visée qui permet de se caler directement sur une cible et de la détruire en un tir. C’est un énorme avantage», explique à l’AFP le capitaine ukrainien Volodymyr Tchaikovsky, déployé dans les environs de Bakhmout (est) où se jouent des combats sanglants contre les Russes.
Le tabou qui tenait depuis le début de la guerre semble sur le point de sauter: mercredi, la Pologne s’est dite prête à livrer 14 chars lourds Leopard 2.
Ce modèle allemand de char d’assaut, considéré comme l’un des plus performants au monde, est très répandu en Europe, garantissant de fait l’accès à des pièces de rechange et à des munitions.
Mais Berlin rechigne jusqu’ici à en livrer à Kiev, par crainte d’une escalade avec Moscou.
La Finlande a indiqué vendredi ne pas y être opposée au terme d’une discussion entre les pays européens qui en disposent. «Cela requiert non seulement le transfert du matériel lui même mais aussi la formation et la création de l’expertise en terme de maintenance en Ukraine», a déclaré Tarja Jaakkola, une responsable du ministère de la Défense.
Les Britanniques n’excluent pas quant à eux de fournir à l’Ukraine des chars d’assaut Challenger 2.
De nouvelles annonces pourraient intervenir le 20 janvier, lors de la prochaine réunion des alliés de l’Ukraine à Ramstein (Allemagne).
«Casse-tête logistique»
La semaine passée, France, Allemagne et Etats-Unis avaient ouvert la voie en promettant l’envoi de blindés d’infanterie ou de reconnaissance -- 40 Marder allemands, 50 Bradley américains et des AMX-10 RC français.
De source française proche du dossier, Paris pourrait céder au total une quarantaine de ces engins très mobiles.
Toutefois, «donner tous ces équipements, c’est une chose, les utiliser en est une autre», commente une source militaire américaine.
Depuis le début de la guerre, les Ukrainiens ont certes démontré une remarquable capacité à intégrer le déluge d’équipements divers qui leur sont envoyés. Et en matière de blindés lourds, l’armée ukrainienne ne part pas de zéro: avant le 24 février, elle possédait une flotte de près de 900 chars de facture soviétique.
Mais «les chars soviétiques sont hyper rustiques, il y a moins d’électronique à bord. Au vu de la diversité des chars et blindés occidentaux promis, ça risque d’être un casse-tête logistique pour eux», prévient un officier de cavalerie français. «Les gammes sont extrêmement différentes, chacun a ses systèmes d’armes, ses roulements, ses moteurs...»
Le Leopard 2, comme le Leclerc français ou l’Abrams américain tire des obus de 120 mm. Le Challenger 2 britannique est en revanche équipé d’un canon rayé de 120 mm, qui exige des munitions spécifiques. Quant à l’AMX 10 RC français, monté sur roues et non sur chenilles, il est moins complexe à entretenir mais utilise des munitions de 105 mm.
Maintenance complexe
Or la haute intensité des combats rend crucial l’entretien d’équipements mis à rude épreuve, surtout pour des équipements de ligne de front.
Mais «l’Ukraine est en état de mobilisation générale, elle dispose d’un pool considérable de main d’oeuvre. Et ils ont les structures et dispositifs internes pour assimiler tous ces équipements divers», fait valoir Léo Péria-Peigné, expert en armement à l’Institut français des relations internationales (IFRI).
Si les dommages les plus légers sont traditionnellement réparés par des mécaniciens déployés près de la ligne de front, les opérations de maintenance lourdes sont effectuées à l’arrière.
Pour aider les Ukrainiens dans ce domaine, les alliés ont déjà engagé des efforts en matière de «maintien en condition opérationnelle», terme désignant la maintenance dans le jargon militaire.
A titre d’exemple, le groupe franco-allemand KNDS -- regroupant l’allemand KMW et le français Nexter -- a ouvert en novembre un centre de maintenance en Slovaquie pour réparer les équipements terrestres français et allemands déployés en Ukraine -- canons Caesar et PzH 2000, blindés antiaériens Gepard ou lance-roquettes multiples MARS II.
Il est toutefois crucial pour les Occidentaux d’envoyer leurs chars et blindés en quantité et non au compte-goutte, sous peine d’être contre-productifs, prévient Léo Péria-Peigné.
«Le char de combat est ce qu’il existe de plus complexe comme véhicule militaire en matière de maintenance terrestre», commente-t-il.
Ainsi, «l’envoi de 10 chars Challenger 2 par le Royaume-Uni serait un cadeau empoisonné. Cela nécessiterait de mobiliser toute une filière de formation et de maintenance pour un taux de disponibilité limité et donc un effet minimal sur le terrain», sachant que plus du tiers du parc de ce type d’équipement est traditionnellement immobilisé pour maintenance, avertit le chercheur.
Une loi contre «les crapules» : un haut responsable russe a proposé vendredi de confisquer les biens de ses concitoyens ayant quitté la Russie et critiquant de l’étranger la campagne militaire du Kremlin en Ukraine.
Depuis le 24 février 2022, des centaines de milliers de personnes ont fui la Russie, parce qu’elles ne voyaient plus d’avenir pour elles dans ce pays, qu’elles craignaient des poursuites judiciaires pour avoir manifesté leur opposition ou de peur d’être mobilisées dans l’armée.
«Des crapules vivent confortablement grâce à notre pays. De l’étranger, elles mettent en location leurs biens immobiliers et continuent de recevoir des revenus au détriment de citoyens russes», a écrit Viatcheslav Volodine, le président de la Douma, la chambre basse du Parlement.
«Dans le même temps, elles s’autorisent à dire publiquement des saletés sur la Russie, à insulter nos soldats et nos officiers», a-t-il poursuivi sur son compte Telegram.
«Il serait juste d’ajouter un point dans le code pénal sur la confiscation des biens en Russie de ces crapules (...) pour compenser les dommages causés», a proposé M. Volodine.
Ces derniers mois, le régime de Vladimir Poutine a accéléré la répression visant ses détracteurs, dans la foulée de l’offensive en Ukraine.
Les autorités ont ainsi introduit une loi prévoyant jusqu’à 15 ans de prison pour toute publication d’informations sur l’armée russe jugées «fausses». La plupart des figures de l’opposition sont désormais en exil ou en prison.
L’armée russe a affirmé vendredi avoir entièrement conquis la ville de Soledar, dans l’est de l’Ukraine. Elle a revendiqué une première victoire notable sur le terrain après plusieurs revers humiliants. Kiev a démenti la perte de la ville.
«A été achevée le 12 janvier dans la soirée la libération de la ville de Soledar, qui est importante pour la poursuite des opérations offensives» dans la région de Donetsk, a affirmé le ministère russe de la Défense dans un communiqué.
L’armée ukrainienne a démenti peu après la perte de la ville, affirmant que des «violents combats» y avaient toujours lieu.Selon le porte-parole du commandement Est de l’armée ukrainienne, Serguiï Tcherevaty, «les forces armées ukrainiennes maintiennent la situation sous contrôle dans des conditions difficiles».
La localité de Soledar est située à une quinzaine de kilomètres au nord-est de la ville de Bakhmout, que l’armée russe et les paramilitaires du groupe Wagner essayent de prendre depuis des mois.
«Le contrôle complet de Soledar permet de couper les lignes d›approvisionnement des forces ukrainiennes situées dans la ville (de Bakhmout) au sud-ouest, puis de bloquer et d’enfermer dans une ‹poche’ les unités ukrainiennes s'y trouvant», a assuré le porte-parole du ministère, Igor Konachenkov.
Selon lui, la prise de Soledar a été rendue possible grâce à «des frappes permanentes sur l’ennemi» venant de l’aviation et de l’artillerie russe.
«Frappes concentrées»
Les troupes russes «ont continuellement mené des frappes concentrées sur les positions des forces armées ukrainiennes dans la ville, empêchant le transfert de réserves, l’approvisionnement en munitions, ainsi que les tentatives de retrait de l’ennemi vers d’autres lignes de défense», a affirmé M. Konachenkov.
Il a aussi indiqué que des parachutistes russes avaient mené «une manoeuvre dissimulée» en attaquant depuis une «autre direction» les troupes ukrainiennes à Soledar, ce qui a permis «d’occuper des hauteurs et de bloquer la ville au nord et au sud». L’AFP n’a pas été en mesure de confirmer ces déclarations de source indépendante.
Auparavant, le groupe paramilitaire Wagner, en concurrence croissante avec l’armée russe dans ce secteur, avait affirmé que seules ses unités prenaient part à la conquête de Soledar.
Mercredi, le chef de Wagner, Evguéni Prigojine, avait affirmé que ses combattants avaient pris Soledar, une annonce qui n’avait pas ensuite été confirmée par le Kremlin et l’armée russe.
L’Ukraine est devenue «de facto» membre de l’Otan, a déclaré vendredi à la BBC le ministre ukrainien de la Défense Oleksiï Reznikov, dont l’armée fait face à une offensive de «forte intensité» dans la ville de Soledar, dans l’Est du pays.
Dans cette interview, le ministre ukrainien a affiché sa confiance dans la fourniture par les Occidentaux à l’Ukraine de chars et avions de combat, malgré la réticence de certains en raison de craintes d’escalade.
«Cette inquiétude au sujet du prochain niveau d’escalade, pour moi, est une sorte de protocole», a-t-il déclaré, écartant les craintes que la fourniture de nouveaux armements ne soit perçue comme une provocation par la Russie.
«L’Ukraine et les forces armées de l’Ukraine sont devenues membres de l’Otan. De facto, pas de jure» (en droit), a-t-il déclaré, «parce que nous avons l’armement, et la compréhension de la manière de l’utiliser».
«C’est vrai. C’est un fait», a-t-il ajouté, ne voyant pas «pourquoi» ces propos seraient controversés. «Je suis sûr que dans un avenir proche, nous deviendrons membre de l’Otan, de jure», a-t-il poursuivi.
Une appartenance formelle à l’Otan, que réclame Kiev, entraînerait un devoir d’assistance mutuelle en vertu de laquelle les autres membres de l’Alliance devraient intervenir militairement pour soutenir l’Ukraine face à la Russie.
Sur le terrain, la situation à Soledar est «très difficile», mais «sous contrôle», a-t-il ajouté, expliquant que les mercenaires du groupe Wagner sont utilisés «vague après vague après vague» d’attaque, faisant de nombreux morts.
Le groupe, «doit en quelque sorte prouver qu’il est meilleur que l’armée régulière de la Fédération de Russie», a-t-il ajouté.
Selon le ministre de la Défense ukrainien, «approximativement 500 ou 600» combattants russes sont tués chaque jour dans le pays, là où, soutient-il, perd un dixième de ce chiffre, affirmations qui ne peuvent être vérifiées de manière indépendante.
L’UE et l’Otan ont promis mardi de fournir à l’Ukraine tous les moyens nécessaire pour se défendre face à l’invasion russe, avant des discussions prévues la semaine prochaine sur les types d’armes qui seront fournies.
L’armée russe a affirmé vendredi avoir entièrement conquis la ville de Soledar, dans l’est de l’Ukraine. Elle a revendiqué une première victoire notable sur le terrain après plusieurs revers humiliants ces derniers mois.
«A été achevée le 12 janvier dans la soirée la libération de la ville de Soledar, qui est importante pour la poursuite des opérations offensives» dans la région de Donetsk, a affirmé Igor Konachenkov, le porte-parole du ministère russe de la Défense.
La localité de Soledar est située à une quinzaine de kilomètres au nord-est de la ville de Bakhmout, que l’armée russe et les paramilitaires du groupe Wagner essayent de prendre depuis des mois.
«Le contrôle complet de Soledar permet de couper les lignes d’approvisionnement des forces ukrainiennes situées dans la ville (de Bakhmout) au sud-ouest, puis de bloquer et d’enfermer dans une poche les unités ukrainiennes s’y trouvant», a assuré Igor Konachenkov.
Selon lui, la prise de Soledar a été rendue possible grâce à «des frappes permanentes sur l’ennemi» venant de l’aviation et de l’artillerie russe.
Les troupes russes «ont continuellement mené des frappes concentrées sur les positions des forces armées ukrainiennes dans la ville, empêchant le transfert de réserves, l’approvisionnement en munitions, ainsi que les tentatives de retrait de l’ennemi vers d’autres lignes de défense», a affirmé Igor Konachenkov.
Il a aussi indiqué que des parachutistes russes avaient mené «une manoeuvre dissimulée» en attaquant depuis une «autre direction» les troupes ukrainiennes à Soledar, ce qui a permis «d’occuper des hauteurs et de bloquer la ville au nord et au sud».
L’AFP n’a pas été en mesure de confirmer ces déclarations de source indépendante.
Auparavant, le groupe paramilitaire Wagner, en concurrence croissante avec l’armée russe dans ce secteur, avait affirmé que seules ses unités prenaient part à la conquête de Soledar.
Mercredi, le chef de Wagner, Evguéni Prigojine, avait affirmé que ses combattants avaient pris Soledar, une annonce qui n’avait pas ensuite été confirmée par le Kremlin et l’armée russe.
L’arrivée prochaine sur le théâtre ukrainien de chars et de blindés de facture occidentale, voire de chars lourds Leopard 2 allemands, met Kiev au défi de former ses troupes à l’emploi et la maintenance d’une diversité d’équipements pour certains très complexes.
Depuis le début de l’invasion russe, il y a près d’un an, les alliés européens de Kiev ont déjà livré près de 300 chars soviétiques modernisés, mais jamais encore de chars lourds de facture occidentale, malgré les demandes répétées de l’Ukraine.
«Les chars modernes au standard OTAN comme les Leopard, les Challenger ou les Abrams ont un système de visée qui permet de se caler directement sur une cible et de la détruire en un tir. C’est un énorme avantage», explique à l’AFP le capitaine ukrainien Volodymyr Tchaikovsky, déployé dans les environs de Bakhmout (est) où se jouent des combats sanglants contre les Russes.
Le tabou qui tenait depuis le début de la guerre semble sur le point de sauter: mercredi, la Pologne s’est dite prête à livrer 14 Leopard 2. Ce modèle allemand de char d’assaut, considéré comme l’un des plus performants au monde, est très répandu en Europe, garantissant de fait l’accès à des pièces de rechange et à des munitions.
Mais Berlin rechigne jusqu’ici à en livrer à Kiev, par crainte d’une escalade avec Moscou.
Les Britanniques n’excluent pas quant à eux de fournir à l’Ukraine des chars d’assaut Challenger 2.
De nouvelles annonces pourraient intervenir le 20 janvier, lors de la prochaine réunion des alliés de l’Ukraine à Ramstein (Allemagne).
«casse-tête logistique»
La semaine passée, la France, l’Allemagne et les Etats-Unis avaient ouvert la voie en promettant l’envoi de blindés d’infanterie ou de reconnaissance -- 40 Marder allemands, 50 Bradley américains et des AMX-10 RC français. De source française proche du dossier, Paris pourrait céder au total une quarantaine de ces engins très mobiles. Leur livraison «aura lieu dans les deux mois», a précise jeudi soir le ministère français des Armées.
Toutefois, «donner tous ces équipements, c’est une chose, les utiliser en est une autre», commente une source militaire américaine.
Depuis le début de la guerre, les Ukrainiens ont certes démontré une remarquable capacité à intégrer le déluge d’équipements divers qui leur sont envoyés, s’accordent les experts.
Et en matière de blindés lourds, l’armée ukrainienne ne part pas de zéro: avant le 24 février, elle possédait une flotte de près de 900 chars de facture soviétique.
Malgré tout, «les chars soviétiques sont hyper rustiques, il y a moins d’électronique à bord. Au vu de la diversité des chars et blindés occidentaux promis, ça risque d’être un casse-tête logistique pour eux», prévient un officier de cavalerie français. «Les gammes sont extrêmement différentes, chacun a ses systèmes d’armes, ses roulements, ses moteurs...»
Le Leopard 2, comme le Leclerc français ou l’Abrams américain tire des obus de 120 mm. Le Challenger 2 britannique est en revanche équipé d’un canon rayé de 120 mm, qui exige des munitions spécifiques. Quant à l’AMX 10 RC français, monté sur roues et non sur chenilles, il est moins complexe à entretenir qu’un char de combat mais utilise des munitions de 105 mm.
Maintenance complexe
Or la haute intensité des combats livrés entre Ukrainiens et Russes rend crucial l’entretien d’équipements mis à rude épreuve. Les chars occidentaux, destinés à la ligne de front, n’échapperaient pas à la règle.
Mais «l’Ukraine est en état de mobilisation générale, elle dispose d’un pool considérable de main d’oeuvre. Et ils ont les structures et dispositifs internes pour assimiler tous ces équipements divers», fait valoir Léo Péria-Peigné, expert en armement à l’Institut français des relations internationales (IFRI).
Si les dommages les plus légers sont traditionnellement réparés par des mécanos déployés près de la ligne de front, les opérations de maintenance plus lourdes doivent être effectuées à l’arrière.
Pour aider les Ukrainiens à gérer les équipements occidentaux, les alliés ont déjà engagé des efforts en matière de «maintien en condition opérationnelle», terme désignant la maintenance dans le jargon militaire.
À titre d’exemple, le groupe franco-allemand KNDS -- regroupant l’allemand KMW et le français Nexter -- a ouvert en novembre un centre de maintenance en Slovaquie pour réparer les équipements terrestres français et allemands déployés en Ukraine -- canons Caesar et PzH 2000, blindés antiaériens Gepard ou lance-roquettes multiples MARS II.
Il est toutefois crucial pour les Occidentaux d’envoyer leurs chars et blindés en quantité et non au compte-goutte, sous peine d’être contre-productifs, prévient Léo Péria-Peigné.
«Le char de combat est ce qu’il existe de plus complexe comme véhicule militaire en matière de maintenance terrestre», commente-t-il. Ainsi, «l’envoi de 10 chars Challenger 2 par le Royaume-Uni serait un cadeau empoisonné. Cela nécessiterait de mobiliser toute une filière de formation et de maintenance pour un taux de disponibilité limité et donc un effet minimal sur le terrain «, sachant que plus du tiers du parc de ce type d’équipement est traditionnellement immobilisé pour maintenance, avertit le chercheur.
L’Ukraine a affirmé vendredi contenir une offensive russe de «forte intensité» à Soledar, après «une nuit chaude» dans cette petite ville de l’est du pays soumise à une pression accrue des troupes de Moscou.
Le Conseil de sécurité de l’ONU doit se rassembler à 20H00 GMT pour discuter de la situation en Ukraine, près de 11 mois après le début de l’invasion russe.
«L’ennemi a jeté presque toutes ses forces principales en direction de (la région de) Donetsk et maintient une offensive de forte intensité», a déclaré sur Telegram la vice-ministre de la Défense Ganna Maliar.
«La nuit a été chaude, les combats ont continué», a ajouté Ganna Maliar, alors que les Russes tentent inlassablement de conquérir cette zone de l’est de l’Ukraine, avec comme cible principale depuis des mois la ville de Bakhmout, située à 15 kilomètres au sud-ouest de Soledar.
«C’est une phase difficile de la guerre, mais nous la gagnerons», a-t-elle promis.
La prise de Soledar, petite ville d’environ 10.000 habitants avant la guerre, aujourd’hui complètement détruite, permettrait à Moscou de brandir enfin une victoire militaire, après une série de revers humiliants.
Les combats dans et autour de Soledar font rage depuis plusieurs mois, mais leur intensité a fortement augmenté ces derniers jours, l’armée ukrainienne combattant dans cette petite ville connue pour ses mines de sel les mercenaires du groupe paramilitaire russe Wagner.
«Nos combattants essaient courageusement de tenir notre défense», a encore indiqué Ganna Maliar.
«Tout le nécessaire»
Selon l’Institut pour l’étude de la guerre (ISW), un organisme basé aux États-Unis qui suit en temps réel l’évolution des combats, «les forces russes ont (en réalité) probablement capturé Soledar le 11 janvier», soit mercredi.
Pour appuyer ses propos, l’ISW évoque «des photos géolocalisées publiées les 11 et 12 janvier» qui «indiquent que les forces russes contrôlent probablement la plupart sinon la totalité de Soledar et ont probablement poussé les forces ukrainiennes hors de la périphérie ouest de la localité».
Mais selon l’institut, la capture de la petite ville «est peu susceptible de présager un encerclement imminent de Bakhmout» et «ne permettra pas aux forces russes d’exercer un contrôle sur les importantes lignes de communication terrestres ukrainiennes» vers la grande ville de la zone.
Jeudi, le président ukrainien Volodymyr Zelensky avait promis de fournir «tout le nécessaire» à son armée pour résister aux assauts russes à Soledar et à Bakhmout.
La veille, le chef du groupe de mercenaires russes Wagner, Evguéni Prigojine, avait revendiqué la prise de Soledar, avant d’être rapidement contredit non seulement par Kiev, mais aussi par le ministère russe de la Défense avec lequel il entretient des relations de rivalité.
Sans présenter de chiffres, Mykhaïlo Podoliak, conseiller à la présidence ukrainienne, a déjà reconnu auprès de l’AFP «des pertes significatives» de son côté dans cette «bataille sanglante», estimant qu’elles étaient «énormes» dans le camp adverse, ce que le ministère russe de la Défense n’a toutefois pas confirmé.
Signe de l’intensité de l’offensive russe, l’armée ukrainienne a indiqué avoir repoussé jeudi des attaques dans plus d’une dizaine de localités dans la région.
«Il reste encore beaucoup de travail à faire», avait de son côté relevé face à la presse le porte-parole de la présidence russe, Dmitri Peskov.
Pour mieux coordonner et appuyer ses assauts sur le terrain, le Kremlin a depuis deux jours un nouveau chef des opérations en Ukraine: le général Valéri Guerassimov, un militaire d’expérience qui est par ailleurs déjà à la tête de l’état-major des armées russes.
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a promis de fournir «tout le nécessaire» aux soldats qui résistent aux assauts russes à Soledar et Bakhmout, deux villes de l’est du pays que la Russie tente coûte que coûte de conquérir pour changer le cours de la guerre.
«Je veux souligner que les unités défendant ces villes seront approvisionnées avec des munitions et tout le nécessaire de manière rapide et ininterrompue», a lancé jeudi M. Zelensky sur Facebook à l’issue d’une réunion avec son état-major.
Le Conseil de sécurité de l’ONU doit par ailleurs se rassembler vendredi à 20h00 GMT pour discuter de la situation en Ukraine.
La situation à Soledar est depuis quelques jours «difficile» pour l’armée ukrainienne et «les combats les plus acharnés et les plus violents se poursuivent aujourd’hui», avait indiqué plus tôt la vice-ministre de la Défense, Ganna Maliar.
Autrefois connue pour ses mines de sel, Soledar est en effet située à 15 km au nord-est de la ville de Bakhmout que les forces russes cherchent à prendre depuis des mois.
Pour l’analyste militaire Anatoli Khramtchikhine, la prise de Soledar, petite ville d’environ 10'000 habitants avant guerre, aujourd’hui complètement détruite, permettrait à Moscou de brandir enfin une victoire militaire, après une série de revers humiliants.
«Toute victoire est importante, surtout parce qu’il n’y a pas eu de victoire depuis un moment», souligne-t-il.
Andreï Baïevskiï, député séparatiste prorusse de la région de Donetsk, souligne de son côté que la prise de Soledar permettrait de «couper les lignes d’approvisionnement» ukrainiennes qui permettent de défendre Bakhmout.
Soledar «ouvre (aussi) des possibilités de tirs d’artillerie en direction de Sloviansk, Kramatorsk et Kostiantynivka» plus à l’ouest, a-t-il encore observé à la télévision russe.
«Les gens ont peur»
Mercredi, le chef du groupe de mercenaires russes Wagner, Evguéni Prigojine, avait revendiqué la prise de Soledar, avant d’être rapidement contredit non seulement par Kiev, mais aussi par le ministère russe de la Défense avec lequel il entretient des relations de rivalité.
Jeudi, le Kremlin a toutefois salué «les actions héroïques» des hommes de Wagner en première ligne.
«Il reste encore beaucoup de travail à faire», a par ailleurs relevé le porte-parole de la présidence russe, Dmitri Peskov.
Sur une carte de l’est de l’Ukraine publiée jeudi par le ministère russe de la Défense, Soledar n’apparaissait pas sous contrôle de l’armée de Moscou.
«Nous tenons bon», a martelé la vice-ministre Ganna Maliar, vantant «la résilience et l’héroïsme» des forces ukrainiennes.
Sans présenter de chiffres, elle a indiqué jeudi que les troupes russes qui combattent à Soledar «subissent de lourdes pertes (...) en essayant sans succès de percer notre défense».
Kiev n’a de son côté pas chiffré ses tués et blessés dans la zone, mais Mykhaïlo Podoliak, conseiller à la présidence ukrainienne, avait reconnu mercredi «des pertes significatives», dans un entretien avec l’AFP.
Un porte-parole de l’armée ukrainienne, Serguiï Tcherevaty, a affirmé à la télévision que les Russes «attaquaient constamment» à Soledar, relevant 91 tirs d’artillerie sur la ville ces dernières 24 heures.
À Bakhmout, sous les bombes, le docteur Elena Moltchanova, 40 ans, continue tant bien que mal de prodiguer des soins aux milliers de civils, souvent âgés, qui sont restés dans la ville.
«Il n’y a pas assez de seringues et d’aiguilles à insuline. Les stocks de médicaments pour le coeur s’épuisent très rapidement», déplore-t-elle auprès de l’AFP.
Mais impossible pour elle de s’imaginer quitter la ville «tant qu’il y a des gens ici».
Oleksiy Stepanov est venu pour le certificat de décès de son voisin de 83 ans, qui est mort chez lui. Ses fenêtres avaient été soufflées par les bombardements. «Les gens ont peur», dit-il.
À Melitopol, principale ville occupée de la région ukrainienne de Zaporijjia, «le nombre de touristes étrangers – Russes, Bouriates, Ossètes, Kadyrovtsy – a dépassé le nombre de résidents locaux qui ont été contraints de rester sous l’occupation», a écrit tôt vendredi sur Telegram le maire de la ville, Ivan Fedorov.
«Les étrangers essaient tellement de prétendre qu’ils ont leur place ici qu’ils utilisent même des symboles ukrainiens», ils «occupent les maisons que la population locale», «se déguisent en civil» et «les militaires sont transportés dans des bus scolaires sur lesquels est inscrit le mot enfants", décrit-il.
Objectifs russes inchangés
La veille, Moscou avait procédé à un changement majeur dans sa hiérarchie militaire.
Le général Valéri Guerassimov, qui est le chef de l’état-major des armées russes, a été nommé à la tête des troupes déployées en Ukraine, remplaçant le général Sergueï Sourovikine, qui n’aura dirigé les opérations que pendant à peine trois mois, marqués par la retraite de Kherson (sud), et qui devient son adjoint.
Cette réorganisation a été justifiée par la Défense russe par «un élargissement de l’ampleur des missions à accomplir».
«Vladimir Poutine n’a pas parlé de nouveaux objectifs», a pourtant précisé son porte-parole Dmitri Peskov jeudi.
Mais les experts voient dans cette décision le signe d’une accélération de l’opération russe, face à une incapacité à l’emporter. Une offensive est évoquée depuis plusieurs mois et l’hypothèse d’une nouvelle mobilisation n’est pas exclue, après une première vague en septembre de quelque 300'000 hommes.
Pour Mark Galeotti, du think-tank britannique Royal United Services Institute (RUSI), cette décision est la «confirmation, s’il en était besoin, que de sérieuses offensives sont à venir».
La Russie a par ailleurs libéré «à un poste-frontière entre la Pologne et la Russie» après des négociations «discrètes» jeudi un ancien marin de l’US Navy qu’elle détenait depuis avril dernier et avait condamné pour espionnage, a annoncé l’ex-diplomate américain Bill Richardson, spécialisé dans les missions délicates. La contrepartie n’a pas été précisée.
Le rôle sans précédent joué en Ukraine par les drones, devenus des acteurs déterminants du conflit, montre selon des experts la nécessité d’adaptation des armées modernes pour s’en servir comme pour s’en protéger.
Il y a eu «d’autres conflits où les drones ont été beaucoup utilisés», comme en Syrie contre le groupe État islamique ou en Libye, dit à l’AFP Samuel Bendett, du centre de réflexion américain CNA. Mais «le nombre de drones et l’ampleur de leur utilisation en Ukraine l’emportent sur tous les autres conflits», ajoute-t-il.
Ce spécialiste des armements autonomes souligne «l’usage absolument sans précédent des drones commerciaux» pour les opérations de surveillance et de reconnaissance, mais aussi de combat, en Ukraine.
Pour lui, la guerre a montré que des petits drones «sont absolument essentiels à toutes les unités, à tous les niveaux», du peloton à la compagnie. «Parce qu’ils sont sacrifiables, peu durables, il faut en équiper les forces en très grande quantité», ajoute-t-il.
«Disponibles et bon marché»
Les drones jouent un rôle clé en Ukraine depuis le début du conflit. Les forces ukrainiennes ont ainsi frappé les soldats russes à l’aide de drones Bayraktar de fabrication turque lorsqu’ils ont tenté sans succès de prendre le contrôle de Kiev.
Les deux armées ont largement utilisé des petits drones pour localiser et suivre les mouvements de l’ennemi ainsi que pour diriger les tirs d’artillerie. Les deux pays utilisent aussi des drones kamikazes, des avions autonomes chargés d’explosifs qui se déclenchent lors de l’impact.
Pour Lauren Kahn, du Council on Foreign Relations, un centre de réflexion américain, la guerre en Ukraine se produit au moment où «beaucoup de ces technologies parviennent à maturité» et sont «disponibles et bon marché», ce qui a permis davantage d’expérimentations.
«Ils sont tellement abordables qu’on les utilise comme des armes moins précieuses», ajoute Lauren Kahn, spécialiste de l’impact des technologies émergentes sur la sécurité internationale.
Le problème pour un pays attaqué, c’est quand il revient plus cher d’abattre un drone que de l’utiliser, souligne-t-elle, citant l’exemple des frappes russes contre les infrastructures électriques ukrainiennes à l’aide de drones iraniens.
«La façon de contrer plus de drones et de façon plus efficace, c’est à mon avis la prochaine phase de développement», ajoute l’experte, notant qu’il faudra trouver une solution «plus économique» qui corresponde au «prix très bas de la technologie offensive».
Défense électronique
La guerre en Ukraine a permis de tester des technologies anti-drones, notamment pour les États-Unis, qui ont fourni à Kiev tout un éventail d’options, de la mitraillette aux systèmes antiaériens.
Et la défense électronique joue un rôle important pour les deux belligérants, ajoute Samuel Bendett.
«Aussi bien les Russes que les Ukrainiens disent maintenant publiquement qu’il y a des zones du front où leurs drones militaires ne peuvent pas opérer et où leurs drones du commerce peuvent être brouillés et neutralisés», dit-il.
Si les drones kamikazes ont attiré davantage l’attention, l’impact des capacités de surveillance des drones s’est révélé plus important: il est devenu plus difficile de dissimuler des troupes des yeux de l’ennemi.
Le conflit a montré qu’il est «absolument primordial d’avoir des systèmes, des technologies et une formation» à la défense anti-drone, déclare l’expert de CNA.
«Les militaires doivent s’adapter», conclut-il. «Ils doivent s’adapter au fait que tout belligérant aujourd’hui, et toute force à laquelle les États-Unis et leurs alliés pourraient être confrontés à l’avenir, pourront être équipés de drones du type de ceux que nous voyons en Ukraine».
Face à l’échec militaire, un nouveau responsable. Moscou a choisi mercredi son chef d’état-major pour diriger les opérations en Ukraine, signe de l’impatience et du désarroi de la Russie face à une guerre qu’elle n’arrive pas à gagner, selon des experts.
Nommé fin octobre, le redouté Sergueï Sourovikine n’aura pas duré trois mois. Il est relégué au rang de numéro deux, derrière Valéri Guerassimov, qui trône au sommet de la hiérarchie militaire russe depuis dix ans.
A Moscou comme en Occident, les observateurs évoquaient jeudi l’impatience du président Vladimir Poutine face à la résistance ukrainienne, la fragilité du commandement russe en proie à des exigences irréalisables et la promesse d’une prochaine offensive majeure.
Sans précédent
En Russie ou ailleurs, il est rarissime de désigner un chef d’état-major – Valéri Guerassimov conserve cette fonction – sur une seule opération. Celui qui coordonne, anticipe, évalue la menace globale, ne peut être celui qui commande sur le terrain.
«La dernière fois que c’est arrivé, c’était en 1941 pendant l’invasion nazie», se souvient un analyste moscovite sous couvert de l’anonymat.
Guerassimov, numéro deux dans la hiérarchie militaire derrière le ministre de la Défense, porte la valise nucléaire. «Est-ce qu’il va l’emmener avec lui» en Ukraine ? ironise-t-il. Pour lui, cette nomination «viole toutes les règles existantes» du commandement militaire. Une décision qui révèle que «les choses ne se passent pas comme prévu».
Car près de onze mois après le début de l’invasion, la Russie ne peut que constater son enlisement.
Actuellement, les villes de Bakhmout et Soledar (Est), font l’objet de combats acharnés. «Ce n’est pas cohérent de changer le chef des opérations en pleine bataille», estime pour l’AFP Tatiana Kastouéva-Jean, chercheur sur la Russie à l’Institut français des relations internationales (IFRI).
«Cela déséquilibre toute la hiérarchie, de haut en bas. Cela ne peut pas être un bon signal».
L’offensive à venir
Les experts convergent à voir dans cette décision le signe d’une accélération de l’opération russe. Une offensive est évoquée depuis plusieurs mois et l’hypothèse d’une nouvelle mobilisation n’est pas exclue, après une première en septembre de quelque 300.000 hommes.
«Il est évident que ce remaniement signifie qu’il y a des projets d’extension de l’échelle des combats», affirme l’expert militaire russe indépendant Alexandre Khramtchikhine, pour qui le but est bien de «libérer» les régions que revendique la Russie (Lougansk, Donetsk, Kharkiv et Zaporijia).
Pour Mark Galeotti, du think-tank britannique Royal United Services Institute (RUSI), cette décision est la «confirmation, s’il en était besoin, que de sérieuses offensives sont à venir et que Poutine admet que la mauvaise coordination est un problème».
L’opacité de Poutine
Que pouvait faire le général Sourovikine en moins de trois mois ? Quels torts lui attribuer ? Comment justifier la valse des chefs d’une armée structurellement inefficace ? Les experts pointent l’impatience et l’opacité de l’homme fort du Kremlin.
En l’absence de succès militaires récents, Poutine constate le dénigrement croissant des performances de son armée, qui convoque les «éternelles questions russes : + à qui la faute+ et +que faut-il faire+", résume sur Twitter Tatiana Stanovaya, spécialiste des élites russes.
Mais la nomination de Guerassimov n’y répond pas. «Tout le monde a l’air sous le choc : les hommes de Prigojine (le patron du groupe paramilitaire privé Wagner, ndlr), les correspondants militaires et l’armée. Un grand nombre de gens très informés semblent ne pas comprendre non plus la substance de cette décision».
Certains évoquent le choix d’envoyer en Ukraine un homme à la fidélité indiscutable. Mais pour Mark Galeotti, «si vous n’arrêtez pas de nommer, faire tourner, griller vos étoiles, fixer des exigences irréalistes et les rétrograder arbitrairement, cela ne génèrera pas de la loyauté.»
Le doute russe
En changeant encore de direction militaire, Poutine ne calmera pas le doute qui habite une partie des élites de Moscou et de l’opinion russe.
Et bien des analystes voient dans ce nouveau volte-face le signe d’intrigues de palais. «La bataille de la communication autour de Soledar montre que chacun, l’armée comme Wagner, tente de tirer la couverture à lui et de s’attribuer les mérites», estime Tatiana Kastouéva-Jean.
«Il y a tout dans cette histoire : luttes intestines, luttes de pouvoir, jalousie», tranche Dara Massicot, expert de la Rand Corporation à Washington.
Les Ukrainiens, massivement aidés par les Etats-Unis, ont réussi à se défendre contre les cyberoffensives russes au début du conflit entamé le 24 février 2022, a souligné jeudi le commandant français de la cyberdéfense, le général Aymeric de Bonnemaison.
«Le «scoop» de ce conflit pour tous les cybercommandants aujourd’hui, c’est que la défense peut prendre le dessus sur l’offensif: j’arrive à contenir et me réorganiser», a-t-il fait valoir en revenant devant la presse sur les premiers cyber-enseignements tirés du conflit russo-ukrainien.
Pendant cette guerre d’Ukraine, «le +cyber Pearl Harbor+ n’a pas eu lieu. Mais cela ne veut pas dire que ça ne peut pas arriver», a-t-il averti, en rappelant le cas du Costa Rica, paralysé courant 2022 par une série d’attaques massives au rançongiciel.
Dans le cas de l’Ukraine, la cyberoffensive russe contre Kiev n’a pas commencé en 2022 mais bien avant, dès 2014, année de l’annexion russe de la Crimée, et s’est accompagnée de «manoeuvres d’influence russes pour attiser le mécontentement de la population», a-t-il expliqué.
Mais «pendant cette période les Ukrainiens sont montés en gamme, ils ont alloué des budgets à la cyberdéfense et se sont appuyés sur des partenaires occidentaux», a-t-il souligné.
Au début de la guerre, les Russes frappent les réseaux informatiques ukrainiens «tous azimuts»: effacement de sites, déni d’accès et attaques contre le gouvernement ukrainien et ses dirigeants «de façon à les isoler".
Une deuxième vague parvient à toucher des routeurs de communication utilisés par les militaires ukrainiens, mais le réseau fourni par l’américain SpaceX, «Starlink, est arrivé pour fournir une capacité aux troupes», a-t-il décrit.
En face des Russes «il y avait une très bonne défense, une anticipation des actions pour chercher les prépositionnements», avec l’aide du gouvernement américain et des GAFAM dont Microsoft, a fait valoir le général.
«Les Ukrainiens avaient besoin d’aide, les Etats-unis sont très en avance sur nous et occupent un vide», a-t-il constaté. «En revanche cela questionne sur notre capacité et sur des mécanismes d’entraide», a-t-il souligné, en rappelant que l’objectif européen est d’»échanger beaucoup sur le renseignement d'intérêt cyber, dans des délais très rapides".
Au fil du conflit, le nombre de cyberattaques s’est nettement ralenti car les Russes «ont épuisé en partie leur capacité offensive» et «la défense ukrainienne a atteint un tel niveau que c’est très compliqué», a-t-il constaté.
Par ailleurs, si la lutte offensive est efficace au tout début du conflit, ensuite «vous n’avez plus besoin d’attaquer l’informatique d’une centrale électrique si vous la bombardez», a conclu le général.
Dans son centre de soins de la ville ukrainienne de Bakhmout, enjeu de combats acharnés sur la ligne de front de l’est du pays, le docteur Elena Moltchanova jure qu’elle restera tant qu’il y aura des civils à soigner, malgré les bombes, le froid et le manque de tout.
Elle reçoit ses patients dans une petite pièce chauffée par un seul poêle à bois, où elle prodigue des soins, fournit des médicaments, mais aussi remplit des certificats de décès.
Parfois ses visiteurs – les derniers habitants de cette ville bombardée quotidiennement et coupée des services les plus élémentaires – viennent seulement chercher là un abri et un peu de chaleur dans l’hiver et dans la guerre.
Le docteur Moltchanova, 40 ans, est un des cinq derniers médecins qui tentent de venir en aide aux 8000 civils restés dans cette ville de jadis 70'000 habitants, selon l’estimation des autorités locales.
Bakhmout subit depuis des mois les assauts des troupes russes qui tentent d’avancer pour prendre le contrôle total de la région de Donetsk, officiellement annexée par Vladimir Poutine.
Avant la guerre, les couloirs de la clinique du docteur Moltchanova étaient éclairés, les toilettes fonctionnaient, et les visiteurs étaient accueillis à l’entrée.
Maintenant, elle occupe le seul cabinet en activité, avec des piles de matériel médical en désordre, des sacs de pommes de terre et des papiers divers autour d’elle.
Elle a peur qu’un bombardement trop proche ne fasse exploser la baie vitrée éclairant son bureau. Mais elle n’a pas l’intention de partir.
«Quand je suis devenue médecin, j’ai fait le serment d’Hippocrate, et je ne peux pas trahir ces gens», a-t-elle dit à l’AFP. «Ils viennent pour être soignés, et nous le faisons du mieux que nous pouvons».
Personnes âgées
Beaucoup de ceux qui sont restés dans l’enfer de Bakhmout et de la bourgade voisine de Soledar – théâtre des combats les plus acharnés ces dernières semaines – sont des personnes âgées ou handicapées.
La disponibilité des médicaments et des équipements, en particulier pour les troubles psychiatriques ou les pathologies chroniques comme le diabète, est au mieux épisodique, dit le docteur Moltchanova.
Les arrivages dépendent de ce qui est fourni par le gouvernement, les ONG, voire ce qui est récupéré dans des bâtiments bombardés, comme les deux fauteuils roulants amenés par des soldats mercredi après-midi.
«Il n’y a pas assez de seringues et d’aiguilles à insuline. Les stocks de médicaments pour le coeur s’épuisent très rapidement. Il y a suffisamment de paracétamol mais cela ne guérira pas les patients malades», déplore-t-elle.
Même si elle ne peut pas toujours prodiguer les soins nécessaires, le docteur Moltchanova, son mari et deux autres médecins aident aussi les habitants en les accueillant dans les sous-sols proches de la clinique, où ils vivent.
Les pièces aux plafonds bas, éclairées par de simples ampoules, contiennent des stocks de bûches pour alimenter les poêles, seul moyen de chauffage dans la ville.
Grâce à un générateur, les gens peuvent venir recharger leur téléphone, se connecter un moment à internet et simplement se réchauffer.
L’hiver glacial fait qu’il n’y a plus de problème pour conserver l’insuline, mais amène au docteur Moltchanova des patients souffrant du froid ou qui se sont brûlés sur des chauffages au bois improvisés.
«Je ne partirai pas»
Pour d’autres c’est trop tard, et c’est souvent le docteur Moltchanova qui remplit les certificats de décès, plusieurs chaque jour. Oleksiy Stepanov est venu pour le certificat de décès de son voisin de 83 ans, qui est mort chez lui. Ses fenêtres avaient été soufflées par les bombardements. «Les gens ont peur», dit-il.
Tetiana, qui préfère ne pas donner son nom de famille, est venue chercher des cachets pour son voisin de 81 ans, un homme sourd, aveugle et alité. «Il n’a aucune idée qu’il y a la guerre et qu’on se fait bombarder», éavance-t-elle.
Les proches du vieil homme l’avaient d’abord payée pour rester auprès de lui, mais maintenant elle reste de son plein gré. «Il n’est pas en état de voyager», affirme-t-elle. «Je ne partirai pas».
C’est un état d’esprit que partage le docteur Moltchanova. Même si elle ne comprend pas pourquoi certaines personnes n’ont pas fui, en particulier les familles avec enfants, elle se doit de rester et de prendre soin d’eux. Mais elle l’assure: «Tant qu’ils sont là, je suis là».
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