ordiecole.com : le pénitencier pour enfants de l'île du Levant

En 1850, le comte Balahu de Noiron, qui vient d'acquérir l'île du Levant dont la superficie est de 900 hectares, tente sa mise en cultures. Il lui faut défricher 300 à 400 hectares de terres. Manquant de main d'oeuvre, il demande l'autorisation d'y instituer un pénitencier agricole.

En 1855, l'île du Levant est rachetée par le comte Henri de Pourtalès (1815-1876), fils du comte James-Alexandre de Pourtalès-Gorgier (1776-1855), natif de Neuchâtel, père du ministre de Prusse à Paris, résidant en Suisse. En 1860, la colonie pénitentiaire du Levant est autorisée. Elle fonctionnera pendant 27 ans.

En février 1861, un convoi d'une soixantaine d'enfants, âgés de cinq à vingt et un ans, sort de la prison de La Roquette à Paris. Leur destination : la plus sauvage et la plus belle des îles d'Or, Le Levant. Ils seront les premiers pensionnaires de la "colonie agricole de Sainte-Anne". En autorisant les bagnes privés pour mineurs, l'empereur Napoléon III (1808-1873) entend débarrasser les villes et les campagnes des innombrables gavroches, vagabonds et orphelins qui les peuplent.

les ruines du pénitencier du Grand Avis

Il y a là Jean Devillaz, un solide savoyard qui a fui les sévices de son oncle ; Théo Gruner, matelot depuis l'âge de huit ans et arrêté à l'occasion d'une bagarre sur le port de Marseille; Roncelin, apprenti forgeron ; Beaumais, un jeune aventurier belge... Ensemble, ils vont constituer la bande des "Vulnérables" qui défendra les plus jeunes et les plus fragiles. Ensemble, ils vont survivre aux brimades, privations, mutineries et évasions qui se succèderont jusqu'à leur libération.

En s'appuyant sur les archives de l'époque et à travers un récit plein de rebondissements, Claude Gritti a reconstitué l'histoire du plus terrible et du plus émouvant des bagnes, celui pour enfants de l'île du Levant. Une centaine d'enfants, soit environ dix pour cent des internés, sont morts au bagne du Levant ; C.G. joint à son récit (pp. 346-349) la triste litanie et précise l'âge des victimes. Quatre d'entre eux étaient âgés de dix ans — Auguste Roustan, né à Soyans-sur-Die (Drôme), mort le 2 octobre 1862 ; Eugène Gay, né à Allos (Basses-Alpes), mort le 25 octobre 1863 ; Aimé Noël né à Vaubadon (Calvados), mort le 19 mars 1865 ; Siméon Soulage, né à Charols (Drôme), mort le 23 février 1874.

Le livre de Claude Gritti, "Les enfants de l'île du Levant" a été publié en 1999 chez Jean-Claude Lattès.
Fils d'un marchand de bois et de charbon du Lavandou, C.G. est passionné par la pêche et les îles d'Or. Cet ancien garagiste prend sa retraite jeune pour un beau jour décider de réécrire la toponymie de l'Ile du Levant selon la mémoire orale des pécheurs qui remonte à cinq siècles. D'histoires en histoires, il découvre l'existence d'un pénitencier pour enfants dans lequel une centaine de jeunes forçats ont trouvé la mort. Tout comme la stèle que C.G. leur a érigée, son livre leur rend hommage.

Claude Gritti (à gauche) et Jean-Claude Nebout 
à la 5ème fête du livre de Porquerolles, fin octobre 2004 ce cd est paru aux éditions Frémeaux

Isabelle Aboulker s'est inspiré du roman de Claude Gritti pour composer un opéra : "Les Enfants du Levant" dont le livret a été écrit par Christian Eymery.

  • éditions fremeaux.com : les enfants du levant : 1
  • dossier pédagogique ici (25 pages) / affiche / spectacle (décembre 2004)
  • site des archives de genevaopera.com : Anne Zendali

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