Dimanche 12 septembre 2004

Le cyclone Ivan se rapproche des îles Caïmans et de Cuba.

Le cyclone Ivan, le plus redoutable à frapper les Caraïbes depuis de nombreuses années, faisait route dimanche vers les îles Caïmans, Cuba et la Floride, après avoir fait au moins 41 morts depuis mercredi.

Ivan, qui est "un ouragan extrêmement dangereux", devrait avoir "un effet dévastateur dans des régions des îles Caïmans et de l'Ouest de Cuba", a mis en garde le Centre américain des ouragans basé à Miami, en Floride (sud-est des Etats-Unis).

Les météorologues ont reclassé dimanche le cyclone dans la catégorie 4 sur l'échelle de Saffir-Simpson qui en compte cinq mais ont averti qu'il pourrait repasser en catégorie cinq. "Des fluctuations en intensité sont attendues au cours des prochaines 24 heures", ont-ils prévenu.

A 15H00 GMT, avec des vents d'une vitesse maximale de 250 kilomètres/heure, Ivan se trouvait à 45 kilomètres au sud-est de Grand Caïman. Cette île fait partie de l'archipel des îles Caïmans, un micro-Etat de 259 km2 et de 35.000 habitants, dépendant de la Couronne britannique. Ivan se dirigeait à une vitesse de 15 km/h vers le nord/nord-ouest.

Un avion spécialement équipé de l'US Air Force est parvenu à se glisser dans l'oeil du cyclone, y mesurant une pression de 912 millibars, "la sixième pression la plus basse jamais enregistrée dans un cyclone de l'Atlantique", a de plus fait savoir le Centre de Miami.

L'oeil d'Ivan a contourné samedi la Jamaïque, où de très violents vents et des pluies torrentielles ont provoqué la mort de 14 personnes. Ces dernières s'ajoutent aux 17 morts au minimum à la Grenade, île dévastée à 90% selon son gouvernement, cinq au Venezuela, quatre dans la République dominicaine et une à Trinidad et Tobago.

L'ouragan devrait toucher aux premières heures de lundi Cuba, île la plus peuplée des Caraïbes avec onze millions d'habitants où le gouvernement a décidé d'évacuer quelque deux millions de personnes, et d'autoriser pour la première fois à recourir aux abris souterrains de l'armée afin d'y abriter la population.

Le gros des efforts des autorités porte surtout sur la province de Pinar del Rio (ouest) que l'oeil du cyclone, selon les dernières prévisions, devrait traverser lundi en fin de matinée. L'alerte pourrait inclure la capitale La Havane et ses quelque deux millions d'habitants, dont 60% résident dans des logements de fortune.

Les réseaux ferroviaires et les ports cubains ont été fermés, tandis que tous les vols intérieurs et internationaux sont annulés depuis 04h00 GMT dimanche, les autorités espérant que le trafic aérien reprendra mardi.

Dans une atmosphère de mobilisation générale, les Cubains étaient appelés dimanche à prendre leurs "postes de combat", toutes les radios du pays consacrant leurs programmes aux mesures d'évacuation ou de précaution à prendre.

Pour le directeur du centre météorologique de Cuba, Jose Rubiera, il s'agit du cyclone le plus puissant depuis 1959, année de "l'arrivée au pouvoir du leader révolutionnaire Fidel Castro".

Catastrophe naturelle annoncée, Ivan pourrait porter un nouveau coup dur à une économie cubaine déjà exsangue et à une population exténuée, à peine remise du passage du cyclone Charley le 13 août, qui y a fait cinq morts et provoqué pour plus d'un milliard de dollars de dégâts.

A la Jamaïque, presque entièrement privée d'électricité, les rivières en crue ont déversé dans les rues des torrents de boue qui arrivent jusqu'à la ceinture et emportent tout sur leur passage.

"Il y a d'importants dégâts à travers tout le pays", a précisé O'Neil Hamilton, porte-parole du gouvernement. Les villes de la côte du sud-ouest ont été les plus touchées avec des vagues allant jusqu'à huit mètres de haut qui ont inondé les quartiers les plus proches de la mer.

Air Jamaïque a annoncé dimanche le reprise partielle de ses vols depuis son aéroport de Montego Bay (sud-ouest), celui de la capitale Kingston restant fermé pour l'instant.

A la Grenade, le nombre des sans-abri a atteint les 60.000 (sur 100.000 habitants), tandis qu'entre 5.000 et 8.000 personnes ont trouvé refuge dans 47 centres d'accueil d'urgence.

En Floride, l'Etat poursuivait les préparatifs en vue de faire face au troisième cyclone en un mois, après Charley et Frances.

Les touristes et la moitié des quelque 80.000 habitants des Keys, le chapelet d'îles très touristiques qui forme la pointe sud de l'Etat, ont été évacués, en prévision de l'arrivée d'Ivan lundi soir ou mardi.

Le gouverneur Jeb Bush a étendu l'état d'urgence à la totalité du sud-est de la Floride en raison de "la grande incertitude" sur la route du cyclone.