Comité de défense de la cause arménienne

http://www.cdca.asso.fr/s/detail.php?r=2&&id=58

 

28-01-2003
Abdullah Gül reconduit la politique négationniste de la Turquie concernant le génocide des Arméniens.

La Fédération Euro-Arménienne pour la Justice et la Démocratie informe que, ce 27 janvier 2003, le premier ministre turc, M. Abdullah Gül s’est adressé à l’Assemblée Parlementaire du Conseil de l’Europe réunie en session plénière à Strasbourg.

Dans son allocution, M. Gül a développé les « progrès » faits par la Turquie dans le respect de ses engagements vis-vis du Conseil de l’Europe, notamment en matière de Droits de l’Homme et de protection des minorités. A l’image de ses prédécesseurs, M. Gül a réitéré les promesses de la Turquie en évoquant par exemple « une politique de tolérance zéro pour la torture » ou la réouverture des procès cassés en appel devant la Cour Européenne des Droits de l’Homme.

Rappelant les pratiques discriminatoires qui restreignent les droits de propriété des congrégations religieuses non-musulmanes, M. Gül a allégué des réformes en cours avant de citer « la tradition séculaire de multiculturalisme et de tolérance religieuse du peuple turc ».

Enfin, M. Gül, évoquant la levée de l’état d’urgence par son gouvernement au Kurdistan, a affirmé que « avec l’habeas corpus restauré dans tout le pays, tous les citoyens turcs jouissent maintenant des mêmes garanties juridiques ».

Néanmoins, questionné par M. Andréas Gross (Socialiste – Suisse) qui souhaitait « pouvoir se rendre en Turquie pour y examiner le problème de l’autonomie kurde », M.Gül a dénié tout particularisme au peuple kurde, amalgamant ensuite revendications identitaires et terrorisme.

L’orateur suivant, M. François Rochebloine ( UDF – France) évoquant « la profonde volonté de renouvellement » que constitue selon lui l’élection du nouveau gouvernement turc, a ensuite demandé si la Turquie comptait maintenant « clarifier son passé, en particulier avec l’Arménie et les communautés arméniennes » en reconnaissant « l’anéantissement par génocide de sa population arménienne ». M. Gül, reprenant alors les thèses négationnistes des régimes précédents, allégua de la situation de guerre de l’époque pour dénier toute volonté exterminatrice de la part de l’Etat turc. Il poursuivit en affirmant que « la Turquie aide l’Arménie », rejetant sur ce pays la responsabilité de ne pas avoir « de bonnes relations avec ses voisins ». Il conclut sur la nécessité « de prendre l’avenir en compte, et d’oublier le passé ».

« Au delà des thèses négationnistes habituelles, ce qui frappe dans le discours de M. Gül, c’est l’incapacité à l’introspection objective sur les faits historiques passés et sur les impasses politiques actuelles auxquelles elle conduit », a déclaré Laurent Leylekian, directeur de la Fédération Euro-Arménienne.

« Les discours de M. Gül se heurtent au principe de réalité : les Arméniens et plus généralement tous les non-Turcs restent des citoyens de seconde zone dans un pays d’apartheid ; le prétendu multiculturalisme à la turque est fondé sur la soumission et la coercition ; quant à l’habeas corpus ou à la tolérance religieuse qui sont censés régner en Turquie, je suggère d’en informer M. Yusuf Akbulut, le prêtre assyrien qui avait déjà été physiquement inquiété et emprisonné pour avoir évoqué le génocide de 1915, et dont l’église de Diyarbakir a été vandalisée, il y a deux semaines seulement», a-t-il poursuivit.

« L’affirmation selon laquelle ‘la Turquie aide l’Arménie’ relève du pur cynisme. La Turquie continue, par le blocus meurtrier auquel elle se livre envers l’Arménie, à se comporter comme un état voyou et prédateur. Ceux qui plaçaient leurs espoirs dans ces nouveaux Jeunes-Turcs que prétendent être les crypto-islamistes, ont maintenant compris qu’au-delà des gouvernements, c’est l’appareil d’état turc et sa doctrine raciale et belliqueuse qui sont en cause », a conclu Laurent Leylekian.