La Fédération Euro-Arménienne
pour la Justice et la Démocratie informe que, ce 27 janvier 2003, le premier
ministre turc, M. Abdullah Gül s’est adressé à
l’Assemblée Parlementaire du Conseil de l’Europe réunie en session plénière à
Strasbourg.
Dans son allocution, M. Gül a développé les «
progrès » faits par la Turquie dans le respect de ses engagements vis-vis du Conseil de l’Europe, notamment en matière de
Droits de l’Homme et de protection des minorités. A l’image de ses
prédécesseurs, M. Gül a réitéré les promesses de la
Turquie en évoquant par exemple « une politique de tolérance zéro pour la
torture » ou la réouverture des procès cassés en appel devant la Cour
Européenne des Droits de l’Homme.
Rappelant les pratiques discriminatoires qui restreignent les droits de
propriété des congrégations religieuses non-musulmanes,
M. Gül a allégué des réformes en cours avant de
citer « la tradition séculaire de multiculturalisme et de tolérance
religieuse du peuple turc ».
Enfin, M. Gül, évoquant la levée de l’état
d’urgence par son gouvernement au Kurdistan, a affirmé que « avec l’habeas
corpus restauré dans tout le pays, tous les citoyens turcs jouissent
maintenant des mêmes garanties juridiques ».
Néanmoins, questionné par M. Andréas Gross (Socialiste – Suisse) qui
souhaitait « pouvoir se rendre en Turquie pour y examiner le problème de
l’autonomie kurde », M.Gül a dénié tout
particularisme au peuple kurde, amalgamant ensuite revendications
identitaires et terrorisme.
L’orateur suivant, M. François Rochebloine ( UDF – France) évoquant « la profonde volonté de
renouvellement » que constitue selon lui l’élection du nouveau gouvernement
turc, a ensuite demandé si la Turquie comptait maintenant « clarifier son
passé, en particulier avec l’Arménie et les communautés arméniennes » en
reconnaissant « l’anéantissement par génocide de sa population arménienne ».
M. Gül, reprenant alors les thèses négationnistes
des régimes précédents, allégua de la situation de guerre de l’époque pour
dénier toute volonté exterminatrice de la part de l’Etat turc. Il poursuivit
en affirmant que « la Turquie aide l’Arménie », rejetant sur ce pays la
responsabilité de ne pas avoir « de bonnes relations avec ses voisins ». Il
conclut sur la nécessité « de prendre l’avenir en compte, et d’oublier le
passé ».
« Au delà des thèses négationnistes habituelles, ce qui frappe dans le
discours de M. Gül, c’est l’incapacité à
l’introspection objective sur les faits historiques passés et sur les
impasses politiques actuelles auxquelles elle conduit », a déclaré Laurent Leylekian, directeur de la Fédération Euro-Arménienne.
« Les discours de M. Gül se heurtent au principe de
réalité : les Arméniens et plus généralement tous les non-Turcs
restent des citoyens de seconde zone dans un pays d’apartheid ; le prétendu
multiculturalisme à la turque est fondé sur la soumission et la coercition ;
quant à l’habeas corpus ou à la tolérance religieuse qui sont censés régner
en Turquie, je suggère d’en informer M. Yusuf Akbulut, le prêtre assyrien qui avait déjà été
physiquement inquiété et emprisonné pour avoir évoqué le génocide de 1915, et
dont l’église de Diyarbakir a été vandalisée, il y a deux semaines
seulement», a-t-il poursuivit.
« L’affirmation selon laquelle ‘la Turquie aide l’Arménie’ relève du pur
cynisme. La Turquie continue, par le blocus meurtrier auquel elle se livre
envers l’Arménie, à se comporter comme un état voyou et prédateur. Ceux qui
plaçaient leurs espoirs dans ces nouveaux Jeunes-Turcs
que prétendent être les crypto-islamistes, ont
maintenant compris qu’au-delà des gouvernements, c’est l’appareil d’état turc
et sa doctrine raciale et belliqueuse qui sont en cause », a conclu Laurent Leylekian.
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